Séries

Publié par Gérard Adde.

" L’Aiguille creuse " est le titre d’un roman de Maurice Leblanc.
Arsène Lupin y déchiffre un cryptogramme composé uniquement de voyelles (des points remplacent les consonnes). Dans cette série, j’ai reproduit le cryptogramme en sérigraphie, et j’ai manuellement rempli les blancs laissés par l’absence des consonnes par des points.

 

" L’Aiguille Creuse " (" The Hollow Needle ") is the title of a novel by Maurice Leblanc. 
In the story, Arsène Lupin deciphers a cryptograms composed of vowels only (dots stand for consonants). In this series, I reproduced the cryptograms using screen printing and I filled in with dots the blanks left by the missing consonants.

 

" L’air des bijoux ".


Largement repris par la Castafiore dessinée par Hergé1, l’Air des bijoux est un air d’opéra  initialement chanté dans le Faust2 de Gounod : Marguerite s’y pare de boucles d’oreilles, d’un bracelet, d’un collier et « rit de (se) voir si belle en ce miroir ».

La scène raconte une sorte de métamorphose liée au désir de paraître. Elle préfigure les stratégies commerciales de notre société de consommation. Les publicités vantant les produits des grandes marques de cosmétiques n’imitent-elles pas Marguerite en propageant des corps d’ombre à la surface de nos écrans ?

Car ce qui brille n’est pas éclairant3. Les liens  fondés sur l’apparence déforment la réalité. Et L’image que renvoie un miroir est une illusion. Narcisse en fait la douloureuse expérience. « Pendant qu’il boit, séduit par l’image de sa beauté qu’il aperçoit il s’éprend d’un reflet sans consistance, il prend pour un corps ce qui n’est qu’une ombre. »4

Dans cette série, j’imprime en sérigraphie le cryptogramme/matière première de chacune de mes productions en mode spéculaire5. La composition s’apparente ainsi à un reflet. De plus, technique de reproduction et de répétition, la sérigraphie redouble la jubilation visuelle et sonore de Marguerite.

Cependant, je n’ai pas imprimé avec de l’encre traditionnelle mais avec de l’huile de vidange. L’effet produit sur le papier par l’application de cette matière colorante est une diffusion, une propagation. Cela pointe l’envers du décor des projections esthétiques qu’on fait miroiter aux femmes et aux hommes de notre époque : en effet, les huiles minérales entrant dans la composition des produits cosmétiques font aujourd’hui polémique.

Enfin, la notion de répétition prévaut jusqu’au titre (L’air des bijoux) car non seulement je l’emprunte mais l’utilise de manière polysémique :  air d’opéra, air lié à l’apparence, air qu’on respire6... Alors, les pièces de cette série sont présentées dans l’espace sans appui au sol, en l’air, comme Air de Paris.7

1 « Les aventures de Tintin », série de bande dessinée, créée par Hergé, scénariste et dessinateur belge.
2  Opéra en cinq actes de Charles Gounod, créé au Théâtre Lyrique le 19 mars 1859.
3 « L’air des bougies », variante de «L’air des bijoux», intègre des fils électriques ou des ampoules lumineuses.
« Narcisse » in Ovide : « Les métamorphoses », GF, pp. 100-101.
5  Écriture de droite à gauche, en « miroir », telle celle pratiquée par Léonard de Vinci.
6  Multiplication du mot air, le confinement nous en a fait manquer.
7 Air de Paris (1919), œuvre « ready-made » de Marcel Duchamp, est une ampoule pharmaceutique en verre remplie d’air, présentée en suspension.


" The Jewel song "

The Jewel Song from Gounod's Faust1 is Widely sung by The Castafiore in The adventures of Tintin, a comic strip drawn by Hergé2.
Marguerite adorns herself with a pair of earrings, a bracelet, a necklace and  " can't help laughing at how pretty she appears in this mirror ".

The scene is about a kind of metamorphosis linked to the desire of showing up.
It foreshadows the business strategies of our consuming society.
The advertisements praising the products of the big cosmetic brands are more or less imitating Marguerite by spreading shadow bodies on our screens.

We know that everything that shines does not compulsorily illuminate3.
The links based on the appearance distort the reality, and the image sent back by a mirror is just an illusion. This is what Narcissus painfully experiments.
" While drinking, he is seduced by the vision of his beauty, he falls in love with a bodiless reflection, he takes for a body what is only a shadow "4.

In this series, I screen-print the cryptograms/raw material of each one of my production in a specular mode, which gives the composition the appearance of a reflection.
Moreover, screen printing, as a technic of reproduction and repeat, enhances Marguerite 's visual and sounding jubilation.

Nevertheless, I did not use traditional ink but motor oil.
On the paper, the effect produced by this coloring material is a diffusion, a spread.
This process points at the other side of the looking-glass: behind the scenes of the aesthetic projections that are mirrored to the women and men of our time: the mineral oils used in the composition of cosmetics are now controversial.

Last but not least, the notion of repetition is found in the French title: L'air des bijoux. I used the polysemy of the word " air ", as in French, " air " is used for an opera song or tune, to talk about the look of a person and what we breathe .... So I presented my work hanging in the air with no ground support as in " Air de Paris " by Duchamp.

1 The adventures of Tintin, a comic strip series, created by Hergé, screenwriter and cartoonist.

Opera in five acts by Charles Gounod, created on March 19th 1859 at the Lyric Theater.

The " Candle song " a variant of the " Jewel song ", integrates electric wires or bulbs.

" Narcissus " in Ovide's " Metamorphosis ", GF, pp. 100-101.

Writing from right to left, in " mirror ", as the one practiced by Leonard of Vinci.

Multiplication of the word " air ", we missed air during the lockdown.

7 " Air of Paris " (1919), a ready-made work by Marcel Duchamp, is a pharmaceutical bulb filled with air and presented in suspension.

" Ascencion ? "

Je découpe 12 lettres du cryptogramme/matière première.

Suivant la disposition 4 x 3 des touches d’un téléphone1, je les fixe sur des branches de bois flotté.

Cet assemblage est présenté en l’air : du téléphone à l’objet d’art, je joue sur la polysémie du terme « mobile ».

Aujourd’hui, nous communiquons sans voir ni être vu.

Nous avons des conversations avec des absents2

Nous demeurons présents par l’écrit.

Mais nous sommes devenus invisibles.

Cette disparition des corps est-elle miraculeuse3 ?
Nous porte-t-elle, de bas en haut, au-dessus de la surface du globe ?

Ou bien nous accrochons-nous aux branches hautes d’un arbre ?    

1 Les téléphones mobiles sont munis de douze touches, à des fins de numérotation et d’écriture de message. Selon les recommandations de l’Union Internationale des Télécommunications (secteur de la normalisation des télécommunications, E.161, mai 1995), leur disposition normale est la suivante, en 4 x 3 (4 rangées de 3 symboles) :

                    1   2   3
                    4   5   6
                    7   8   9
                    #   0   *

2 « Les hommes marcheront sans se mouvoir, ils converseront avec les absents, ils entendront ceux qui ne parlent pas », Léonard de Vinci in Prophéties.

3 Dans la théologie chrétienne, l’Ascension est un jour marquant l’élévation dans le ciel de Jésus et la fin de sa présence physique sur la Terre.

 

" Ascension? "

 
Here, I cut out 12 letters from the cryptograms/raw material.
 
Following the setting 4x3 of a telephone keys1, I fix them on drift wood. 
 
This setting is presented floating in the air: from the telephone to the art work, I play on the polysemy of the word "mobile"
 
Nowadays, we communicate without seeing or being seen.
 
We talk with absent persons2.
 
We remain present thanks to the written word.
 
But we have turned invisible.
 
Is this disappearance of the bodies miraculous
 
Does it carry us from bottom to top above the surface of the earth ?
 
Or are we hanging on the tallest branches of a tree ?
 
Mobile phones have 12 keys, used for numbering and writing a message.
According to the recommendations of the International Telecommunications Board, (telecommunications Service) their normal layout stands as follow : 4 X 3 (4 rows of 3 symbols) :
1   2   3
4   5   6
7   8   9
#   0   *
 
2 " Men will walk without moving, they will speak with absents, they will hear those who do not speak. " Leonard of Vinci in Prophecies.
("In their bodies, they will rush off into various parts of the world without moving, they will speak to men who cannot hear, their eyes will be open but they will not see, they will speak to them but not be answered ", written between 1497 & 1499).
 
3 In Christian theology, Ascension is the day marking the rise of Jesus in the sky and the end of his physical presence on earth.

" Les carnets de voyage chamanique. "


L’assemblage de lettres-matière première prend une fonction contemplative et méditative, dans ce qui prend ici la forme de carnets de voyage japonais mais constitue finalement des livres d’artiste. Les couleurs utilisées sont celles de l’arc-en-ciel et des chakras. Des feuilles de chêne y sont aussi imprimées. J’y célèbre ici ma connexion au monde de la forêt et à une forme de voyage immobile, d’ancrage.


" The Shamanic Travel Notebooks. " 


The setting of letters-materials enhances here a contemplative and meditative function, taking the form of a Japanese travel notebook to finally become artist’s books. 
The colors I used are the ones of the rainbow and the chakras. 
And I print Oak leaves  as well. 
Here, I am celebrating my own connection to the world of the forest and to a form of stand-still voyage, of anchoring.

" Deux côtés d’une même histoire "


Sérigraphie et peinture sur bois contreplaqué.
Le cryptogramme est imprimé sur chacune des faces du panneau de bois.
Le titre fait référence à l’œuvre de Michael Snow : « Two sides to every story » (installation video double 16 mm), 1974.
Au centre de la salle d’exposition, un écran est tendu. Sur chacun des deux côtés de cet écran, un film est projeté en boucle.
On y voit la même femme, qui se déplace entre deux cameramen placés l’un en face de l’autre. Il s’agit de la même scène, mais captée du point de vue de chacun des deux cameramen.
On ne peut pas voir les deux films en même temps ; on doit marcher d’un côté à l’autre de l’écran. Pas de face avant ou arrière, chaque côté est égal à l’autre.


" Two sides of the Same story "


Screen printing and painting on plywood.
The cryptograms is printed on both sides of the plywood .  
The title is a reference to the book by Michael Snow: « Two Sides to Every Story » 
(A double video 16mm setting) 1974. 
In the center of the exhibition room, a screen is stretched. On each side of this screen a film is projected repeatedly. We can see the same woman who is moving between two cameramen facing one another . It is the same scene but shot from the point view of each one of the two cameramen. We cannot see the two films at the same time; we must not walk back and forth facing the screen but walk from one side to the other as each side equals the other one.

" La différence de la plume "


À René Descartes, qui dans un post-scriptum lui proposait de chiffrer leur correspondance, la princesse Élisabeth de Bohème répondit le 10 octobre 1646 : « J’ai ici si peu de loisir à écrire, que je suis contrainte de vous envoyer ce brouillon, où vous pouvez voir à la différence de la plume, toutes les fois que j’ai été interrompue. »
Difficile, dans ces conditions, de s’adonner à la cryptographie. Ce serait plus facile aujourd’hui avec l’écriture électronique : on y réduit la longueur des mots, on supprime les intervalles et la ponctuation, alignant ainsi un maximum de signes en un minimum de temps.
Mais nos SMS tapuscrits sont à l’opposé des brouillons manuscrits avec leurs variations de teintes et de rythmes, leurs gestes et leurs ratures...
Dans cette série, j’oppose deux types d’écritures : d’abord, j’imprime une partie du cryptogramme tapuscrit ; puis, j’écris à la main les lettres manquantes. 


" La différence de la plume "

 
To René Descartes who, in a post-scriptum, was suggesting to encrypt their correspondence, Princess Elisabeth of Bohemia answered on October 10th 1646 : 
« Here, I have so little leisure for writing that I feel constraint to send you this draft where you will see when I was interrupted from the pen difference ». 
It is difficult under such conditions to dedicate to cryptography. 
Nowadays, it would be easier with electronic writing: the words are shortened, intervals and punctuation are suppressed thus aligning a maximum of signs in a minimum time. 
But our type scripted SMS messages are just the opposite of handwritten manuscripts with their variations of shade and rhythm, their gestures and erasures. 
In this series, I oppose two types of writing: first, I print a part of the typescript cryptograms then, I write by hand the missing letters.

" La disparition " reprend le titre d’un roman de Georges Perec écrit sans la lettre « e ».
Ici, les « e » du cryptogramme sont effacés  et j’utilise des encres dont le nom ne comporte pas de « e ». J’ai réalisé des variantes en « a », « i », « u »...


" The Disappearance " resumes the title of a novel by Georges Perec written without the letter « e ». 
Here, all the letters « e » have been erased from the pictograms and I have used inks whose name does not contain the letter « e ».  
I created variations on « a », « i », « u » ...

" Exercice de la cruauté "

Dans " L’art, exercice de la cruauté "1,  Georges Bataille écrit : « Seul un petit nombre d’entre nous s’attardent, au milieu des grands agencements de cette société, à leur réaction vraiment puérile, se demandent encore naïvement ce qu’il font sur le globe et quelle farce leur est jouée. Ceux-là veulent déchiffrer le ciel ou les tableaux, passer derrière ces fonds d’étoiles et de toiles peintes, et comme des mioches cherchant les fentes d’une palissade, tâchent de regarder par les failles de ce monde.»

Ici l’assemblage de lettres-matière-première est découpé en colonnes et recomposé en forme de palissade.

Support d’une écriture malmenée, la palissade est ici la métaphore d’un clavier d’ordinateur ou de téléphone.

1 Georges Bataille : " L’art, exercice de la cruauté ", tome XI des œuvres complètes, NRF, Galllimard.

 

" Exercise  of Cruelty "
 
In " Art, an Exercise  of Cruelty "1, (book XI of his complete works), Georges Bataille writes : " In the middle of the big fixtures of this society, only a few number of us linger, with a childish reaction, and naïvely wonder what they are doing on earth and what prank call is being played on them. 
They want to decipher the sky or the paintings, to go behind these stars or painted canvas , such as kids look for slots in a fence and try to peep thru the cracks of this world. "
 
Here, the setting of letters/raw material is cut into columns and recomposed in the shape of a fence.
 
The fence, support of a rough writing, stands here as the metaphor of a computer or telephone keyboard. 
 
1 Georges Bataille : " Art, an Exercise of Cruelty ", book XI of his complete works, NRF, Gallimard.

" Fentes de timidité "


Dans les forêts, certains arbres maintiennent, entre leurs branches hautes et celles de leurs voisins, une distance de 10 à 50 cm appelée « Fentes de timidité ».
Cet emprunt à la botanique donne ici un titre ironique. En effet, les tableaux de cette série sont saturés de lettres, sans espaces pour former des mots. Ils pointent l’univers numérique, la folle circulation des informations sur nos écrans et notre écriture au clavier (un maximum de mots dans un minimum d’espace).


" Slots of shyness "


In the forests, some trees maintain a distance of 10 to 50cm between their higher branches and their neighbor’s. They are called «slots of shyness».
This borrowing from botanic turns here into an ironical title.
The works of this series are indeed saturated with letters, without any space to form words. They point to the digital world, the crazy flow of information on our screens and our writing on keyboards ( a maximum words in a minimum space).

" Les feuilles gravées " et " Les feuilles sculptées ", monotypes sérigraphiques sur papier, font référence à l’artisanat des tranchées, aux réalisations des poilus de 14-18, qui inscrivaient sur des feuilles de chêne le prénom d’une femme, ou une expression : « mille baisers », « ton mari qui t’aime ». Une forme de message court, que le soldat envoyait comme une carte postale à l’élue de son cœur. Derrière chaque feuille, pour ainsi dire, se trouvait une femme. C’est ainsi que j’ai imprimé l’assemblage de lettres-matière première à l’intérieur d’une feuille de chêne, « augmenté » dans certains cas d’un visage féminin.


" Engraved and sculpted leaves ", serigraph monotypes on paper, refer to the craft of the trenches, to the realizations of the « poilus» (hairier)  of the First World War. 
They used to write on oak leaves the name of a woman or a sentence, for example: «a thousand kisses», «your husband who loves you» ..... 
A form of short message, as a postcard, the soldier was sending his beloved. 
A woman stood behind each leaf. 
This is why I printed the pack of letters - material inside an oak leaf and at times, added a feminine face.

" Key "


Le crypto matière-première est imprimé au recto.
Au verso, une lettre du crypto, découpée et collée, comme dans une lettre anonyme et comme sur la touche d’un clavier. 

Ici, l’alliance de la cryptographie et du numérique rappellent qu’en anglais « key » a plusieurs sens : clef de déchiffrement ou touche d’ordinateur.

Les « Key » sont des mobiles avec des fils apparents pour évoquer les liens numériques basés sur l’apparence.

 

" Key "
 
 
The crypto/raw material is printed at the front.
 
At the back, a letter from the cryptograms has been cut and pasted, as in an anonymous letter and as the keys on a keyboard.
 
Here, the mixing of the cryptograms and the digital reminds that in English, the word " key " has several meanings : the decryption key or the computer key.
 
The " key " are mobiles hanging from apparent threads which evoke the digital links based on appearance.

" La limitation "


Les 280 signes du cryptogramme sont imprimés en totalité. Ensuite, j’en rature manuellement 115, afin qu’il n’en reste que 160. C’est la limite, espaces inclus, d’un SMS.

 

"La limitation "
 
 
The 280 signs of the cryptograms are all printed. Then, manually, I cross out 115 of them leaving only 160.  This is the limit, spaces included, of a text message. 

" Le milieu de la nuit "1


« Je ne sais plus d’où me viennent ces mots
Ni l’alphabet dont les lettres cessèrent  
Si brusquement de m’être familières. »

J’imprime le cryptogramme avec de l’encre phosphorescente.

Jules Supervielle.

 

" Le milieu de la nuit ", after a poem by Jules Supervielle.
 
"I no longer know where these words come from
Nor the alphabet whose letters stopped 
So suddenly to be familiar to me. "
 
Here, I print the cryptograms with phosphorescent ink.

" 105 keys "


Voici une lettre anonyme abstraite composée avec les 105 premières lettres du cryptogramme. Cela correspond au nombre de touches d’un clavier d’ordinateur1.
« 105 keys » désigne l’écriture électronique sous l’angle de la dépersonnalisation et joue de la polysémie du mot « key » : clef d’un chiffre en cryptographie et touche d’un clavier d’ordinateur.

1 Standard imposé par la norme ISO/CEI 9995.

 

" 105 keys "

 
Here is an abstract anonymous letter written with the 105 first letters of the pictograms.
It echoes the 105 first letters from the pictograms.
" 105 keys " points at the electronic writing seen from the angle of depersonalizations and plays with the polysemy of the word " key ": key of a number in cryptography and key of a keyboard.
 
1 Standard imposed by the norm ISO/CEI 9995.

Dans " Les Paradis artificiels ", Charles Baudelaire : « Oui, lecteur, innombrables sont les poèmes de joie ou de chagrin qui se sont gravés successivement sur le palimpseste de votre cerveau, et comme les feuilles des forêts vierges, comme les neiges indissolubles de l’Himalaya, comme la lumière qui tombe sur la lumière, leurs couches incessantes se sont accumulées et se sont, chacune à son tour, recouvertes d’oubli. »
Ici, le cryptogramme est imprimé en noir sur des fonds de couleurs différentes. Ces fonds sont déchirés et leurs fragments multicolores sont rassemblés, superposés puis collés, de manière à recomposer le cryptogramme. Cela évoque des vanités, montrant la destruction de la matière, et rappelle les affiches lacérées de Jacques Villeglé.
Une autre version consiste à superposer des pages blanches sur lesquelles le cryptogramme est imprimé. Chaque page est rognée dans sa partie inférieure et laisse voir la page qui se trouve dessous. On voit des strates et l’épaisseur de la matière.


In " Les pararadis artificiels ", Charles Baudelaire writes: « Yes, reader, countless are the poems of joy or sorrow engraved on the palimpsest of your brain, and, such as the leaves of the Pristine forest, as the everlasting snows of the Himalayas, as the light that falls upon light, their unceasing layers have accumulated and, each one in turn, been covered with oblivion ». 
Here, the cryptograms is printed in black on supports of different colors.  
These supports are then torn and their multicolored fragments put together in layers, then glued in order to reset the pictograms. 
This process evokes vanities, it shows the destruction of the material and reminds the lacerated posters of Jacques Villeglé. 
Another version consists in superposing blank pages on which the cryptograms is printed. Each page is torn at its bottom thus revealing what is underneath: the different layers and the thickness of the material.

Dans " Le roman d’un enfant ", Pierre Loti se souvient. Un été, il construisit, avec de vieilles planches, une cabane « grande comme une ruche d’abeilles » ; « couverte avec des nattes exotiques ayant jadis emballé du café des Antilles », elle abritait ses causeries. Il est encore question d’arbre ici, puisque le jeune Loti s’isolait sous un abricotier, dont les feuilles, sous l’action du vent, faisaient danser de petits rayons de soleil. Cela m’a inspiré différentes sérigraphies, sur papier et sur bois trouvé à la plage ; j’y ai imprimé la texture tramée d’un sac à café en toile de jute et mon assemblage de lettres-matière première.


In  " Le Roman d’un Enfant ", Pierre Loti recalls that one summer, using old planks, he built up a cabin «big as a beehive, covered with exotic mat bags once used for coffee   the West Indies. It was sheltering talks. »
Trees are still the matter here as the young Loti enjoyed isolating under an apricot tree whose leaves,  with the breeze, made little rays of sun dance.
This scene inspired me different screen printings on paper and on drift wood collected on the beach, I printed the texture of a burlap coffee bag and my letter material assembly.

" Le vol des oiseaux "


Dans un de ses codex, Léonard de Vinci a représenté des oiseaux en vol et des machines volantes ; sur une page figure le dessin d’une feuille d’arbre, dont l’apparence ressemble à un oiseau. Dans mes sérigraphies de cette série, ma matière première scripturale devient spéculaire, en référence à l’écriture de Léonard.


" Le vol des oiseaux "


In one of his codex, Léonard de Vinci represented flying birds and flying machines.
On one page, we can see the drawing of a leaf which looks like a bird.
In my screen printing of this series, my scriptural raw material becomes specular, in reference to the writing of Leonard.

" Voyelles "
« A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles »...
Dans le cryptogramme, j’ai remplacé les voyelles par une tache de couleur, en me référant au poème d’Arthur Rimbaud.


" Vowels "
« A black, E white, I red, U green, O blue: vowels » ...
In the cryptograms, I replaced the vowels by a spot of color, in reference to the poem by Arthur Rimbaud.

Textes : Gérard Adde

Translation : Danielle Bousquet

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